Fonctionnement de l’habitat inclusif Main Forte
L’habitat inclusif Main Forte n’est pas une fin, mais un moyen privilégié d’accéder à une réelle autonomie et à une vie sociale pleine et entière.
Dans sa forme actuelle, l’habitat inclusif Main Forte comprend quatre pavillons, (situés dans le quartier Saint-Ugeon à Lannion) appartenant à un bailleur social. Ils sont « non regroupés » et implantés dans un lotissement d’habitat mixte (propriétaires et locataires d’habitat social ou non).
Au fil des années, deux des occupants « d’origine » sont partis vivre ailleurs et ont été remplacés par deux autres personnes en situation de handicap.
Un local commun situé au centre-ville est à disposition.
La réussite de cette expérience de vie individuelle, autonome et libre, repose, d’une part, sur un accompagnement humain à hauteur des besoins de chacun, d’autre part, sur une adaptation permanente aux souhaits individuels et collectifs.

Main Forte intervient en soutien à l’accès aux droits (PCH aide humaine). Elle exerce un rôle de vigilance auprès de différents organismes (bailleur social, mairie, prestataires divers des services d’aide à domicile) et intervient, concrètement, en tant que facilitatrice de la vie de chacun (aménagements, accompagnement à la vie sociale, etc.).
On peut imaginer qu’à l’avenir d’autres personnes en situation de handicap s’installent, dans les mêmes conditions, dans, ou à proximité du quartier, pour être intégrées dans le dispositif d’habitat inclusif Main-Forte.
La proximité avec les lieux d’activités sociales
L’habitat, pour l’instant, situé à la périphérie de Lannion (proche des centres commerciaux) a pour vocation de se rapprocher du centre-ville afin de faciliter l’accès des locataires aux équipements, en autonomie. L’association met à disposition des membres de l’association (dont les locataires) un local au coeur de la ville de Lannion. Ce local est un lieu d’activités possibles et de rencontres. Il est partagé avec une association qui gère une épicerie collective et met, elle-même, en place des activités artistiques et culturelles tous publics.
Un accompagnement individuel
Chaque personne bénéficie d’un accompagnement individuel dans le cadre de la PCH Aide Humaine. Cette prestation est réalisée sur les modes prestataire, mandataire, emploi direct ou aidant familial selon les souhaits et les besoins des personnes. Le prestataire actuellement privilégié est le SAAD de l’APF France Handicap. Certains locataires peuvent, selon l’orientation MDPH, bénéficier des services du SAVS et du SAMSAH. Afin d’assurer, d’une part, une présence humaine, sur le site, pour la nuit, chacun met en commun avec les autres occupants de l’habitat inclusif 2h30/ jour du temps d’aide qui lui a été attribué. L’usage du temps d’accompagnement restant est strictement individuel. L’association attend des accompagnants, une qualité de présence : « Être là » et chercher à comprendre qui est l’Autre à accompagner . Etre attentif et disponible à ce qu’il est possible de faire ensemble, contribuer à sa vie. Il s’agit d’accompagner un individu et non pallier un handicap en « faisant » le linge, le ménage, les courses… Il s’agit donc d’exercer son métier d’accompagnement dans un sens sans doute « nouveau » car il ne s’agit pas de « produire » mais d’être à l’écoute, d’informer, d’expliquer, de susciter, de donner envie de participer à ce qui se passe dans l’environnement, de comprendre ce qui se passe pour l’autre et non d’attendre des directives. D’une part, l’association Main Forte n’a pas cette vocation, d’autre part, les personnes handicapées ont souvent du mal à reconnaître, qualifier et exprimer leur désir.
La liberté de choisir
Chaque locataire a la liberté de décider de ses propres activités. Aucune activité collective, pas même la prise des repas en commun n’est imposée par le dispositif. Les activités sociales (au sens large) priment sur l’organisation quotidienne. Les contraintes collectives ne doivent pas avoir d’impact sur la vie de chacun. L’association Main Forte ne s’interpose pas entre les personnes et leur environnement : ni contrôle, ni gestion, ni protection : plutôt filet de sécurité. Elle attend de l’ensemble des acteurs du dispositif qu’ils agissent de la sorte. L’association intervient uniquement en cas de besoin, mais laisse la liberté et la responsabilité aux locataires de se prendre en main. De faire les choses, ou non. Elle souhaite que les personnes handicapées soient prises au sérieux interrogations et désirs. Elle attend donc de l’ensemble des accompagnants qu’ils : Laissent la parole aux locataires et les écoutent, Leur demandent leur point de vue et l’admettent, Leur laissent l’initiative et suivent leurs choix, Leur donne accès par l’information, à la vie de la cité. Concrètement les locataires (et/ou leurs tuteurs) sont interlocuteurs directs du bailleur, du prestataire ou des personnes qu’ils emploient directement ou sous le régime mandataire. Ils choisissent également, en toute liberté les professionnels médicaux ou médicaux-sociaux dont ils ont besoin.
La vie sociale
Elle facilite la rencontre intersubjective entre des personnes « tout court ». Elle évite de « fabriquer » de l’inclusion de façade en créant des activités spécifiques, occupationnelles, ou superficielles où les personnes handicapées sont à coté, mais pas avec.
L’association Main Forte œuvre à la création de véritables liens entre personnes valides et non-valides afin d’expérimenter autre chose que les relations « obligées » (accompagnants, famille,..).
Il s’agit donc de :
➯ Privilégier l’accès aux structures et activités non spécialisées (droits communs).
➯ Soutenir les personnes et associations de l’environnement proche pour faciliter l’accueil des personnes handicapées.
➯ Créer des liens dans un tissu local, avec des personnes et structures proches géographiquement et non spécifiquement dédiées à l’accompagnement de personnes handicapées.
➯ Laisser la possibilité aux locataires de faire par eux-mêmes, en les y encourageant. Ce qui signifie : accepter que les choses soient faites autrement, lentement, à moitié, ou pas du tout. La démarche prévaut sur le résultat. S’il y a des « loupés » dans leur organisation ce n’est pas grave.
➯ S’entourer de personnes qui ont envie d’être en mixité valides/non valides et de tenter des choses avec les personnes handicapées.
➯ Multiplier les expériences pour permettre à chacun de mieux se connaitre et développer ses compétences sociales.
➯ Procéder par tâtonnement et improvisation. Ne pas projeter, programmer, anticiper. Vivre le moment et rester attentif à ce qu’il offre comme opportunité.